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"Il n'est pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va"
Sénèque

dimanche 22 mars 2009

Les budgets poussent-ils les personnes à mentir?

"Pas besoin d'intérêts pour mentir. Le plaisir suffit"
Amélie Nothomb

Cette question est soulevé par Michael Jensen dans son article « Paying People to Lie : the Truth about the Budgeting Process ». En effet, l’auteur étudie les effets contreproductifs que l’utilisation des budgets peut provoquer et étudie également les objectifs comme étant un élément d’évaluation de la performance. Les budgets nécessitent de réaliser des objectifs à atteindre servant de base d’évaluation dans la mesure de la performance des managers par rapport à une unité de production ou un département. S’ils arrivent à atteindre les objectifs fixés, alors ils se verront gratifiés. Cela peut prendre plusieurs formes : promotion, supplément de salaire, avantages en nature… Dans le cas contraire, des sanctions pourraient être prises après l’identification et l’analyse des raisons pour lesquelles les objectifs non pas été atteint. Le texte de Jensen vient remettre en cause l’utilisation des budgets comme un outil de management, servant d’analyse de la performance et d’indicateur de rémunération.


Ce mode de fonctionnement est largement critiqué par de nombreux gestionnaires et soulève divers problèmes. Comme par exemple au niveau de la pertinence des prévisions, elles ne sont souvent qu’une extrapolation approximative du passé, corrigée par les connaissances métier des managers. Dans ce cas présent, il existe un conflit d’intérêt puisque les personnes qui vont participer à l’élaboration des objectifs devront par la suite réussir à les réaliser. Nous comprenons aisément que les managers essaieront de les minimiser le plus possible, pour se voir, par la suite, attribuer des gratifications.

Le second point soulevé par l’auteur peut s’assimiler au précédent car il met en avant la réaction des personnes devant atteindre des objectifs fixés par sa direction. En effet, deux cas peuvent se présenter :
- Soit la direction fixe des objectifs trop ambitieux que le salarié n’arrivera pas à atteindre (même avec la meilleure volonté du monde). Dans ce cas de figure, les objectifs fixés au salarié sont tellement hors de portée qu’il sait qu’il n’arrivera pas à les réaliser, d’où une perte de motivation et d’efficacité.

- Soit les membres de l’entreprise ne mettent pas la barre assez haute. Dans ce cas de figure les réactions peuvent être diverses et ne servent que rarement les intérêts de l’organisation. En effet, bon nombre de managers savent que s’ils arrivent à réaliser les prévisions, voire à les dépasser, ils se verront alors contraint de réaliser de meilleure performance à l’avenir. Or, le futur est toujours incertain et pour se prémunir des ces incertitudes de nombreux managers se cantonnent à respecter des objectifs sous évalués, sans jamais les dépasser, pour toujours garder une marge de manœuvre.

Pour conclure sur ce texte de M. Jensen, nous voyons que la réalisation de prévisions et d’objectifs bride quelque peu le potentiel de nombreux salariés. Leurs performances ne sont que rarement optimales car biaisées par l’introduction de cible. Pour répondre à ces problèmes, l’auteur apporte de nouvelle piste de réflexion, notamment une qui semble faire aujourd’hui son chemin. Elle est adoptée par certaines entreprises, il s’agit de la gestion sans budgets. Ce mode de gouvernance, même s’il provoque des incertitudes, permet d’essayer de tirer le maximum du potentiel de chaque salarié.

8 commentaires:

  1. Bonjour,

    nous sommes d’avis en effet que les budgets peuvent entraîner certains membres de l’organisation à mentir. En plus, des comportements dysfonctionnels que vous avez présentés, les gestionnaires peuvent également faire de la manipulation d’information en posant des actions qui affectent le report des résultats ou la performance réelle de l’entreprise. On retrouve comme action le lissage des résultats d’une période à l’autre, la minimisation ou maximisation des bénéfices en jouant sur la valeur de certaines données (par exemple, par l’augmentation ou la diminution de l’amortissement et des provisions), la falsification des informations ou le filtrage d’information lors de la communication des données. Pour ce qui est des actions affectant la performance réelle, on retrouve, entre autres, le report de l’acquisition des ressources nécessaires à l’entreprise pour ne pas dépasser le budget.

    Nous sommes d’accord avec les propos de M. Jensen selon lesquels la performance des employés est rarement optimale à cause des cibles biaisées. Ces derniers savent que les dirigeants introduisent des objectifs beaucoup trop élevés ce qui entraîne du découragement tandis que ceux qui font les budgets ont tendance à se mettre des cibles facilement atteignables. Pour que le budget soit plus efficace, il devrait être davantage contrôlé afin que les données prévues soient réalistes tout en étant stimulantes et qu’elles offrent un peu de défis sans être exagérées. De plus, une bonne communication interne de l’entreprise (top-down) peut entrainer une diminution des comportements dysfonctionnels des employés s’ils ont confiance dans les données budgétées et s’ils ont été consultés.
    Par contre, selon nous, il peut être bon pour motiver les employés de faire des prévisions un peu à la hausse, sans toutefois exagérer, mais les mesures de performance devraient être adaptées en conséquence. Qu'en pensez-vous?

    Bonne journée!

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  2. Bonjour, voici un deuxième commentaire concernant ce texte. Suite à la lecture de votre blog, nous avons remarqué que vous ne traitez pas des problèmes d’éthique pouvant être engendrés par les biais présents dans plusieurs budgets. Selon Walker et Johnson (1999) la présence de certains facteurs mène à la création de biais dans les budgets.
    - Les facteurs personnels : Besoins de sécurité, augmentation de l’estime de soi
    - Les facteurs organisationnels : Rôle du budget dans l’organisation, normes en vigueur, lien entre le budget et le système de rémunération en place etc.
    - Les facteurs de puissance : Désire d’autorité et influence
    - Les facteurs contextuels : Incertitude et profitabilité
    Évidemment, il y a une intention derrière la création d’un biais dans un budget. Selon les facteurs présentés précédemment, trois types d’intention peuvent être derrière la création d’un biais.
    1) Les intentions relatives aux ressources ont pour objectif de s’approprier le contrôle d’une quantité excessive de ressource.
    2) Les intentions relatives à la performance tentent de modifier le système d’évaluation de la performance afin d’augmenter son rendement personnel.
    3) Les intentions relatives à la motivation ont pour objectif de motiver les employés au sein de l’organisation, afin qu’ils atteignent un niveau de performance plus élevé.
    Croyez-vous qu’il est plus éthique de créer un biais dans un budget lorsque l’intention est d’augmenter la performance de l’organisation que lorsque l’intention est d’améliorer sa situation personnelle ???

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. Avant de répondre à vos commentaires et questions, nous voulions te remercier Véronique car les auteurs que mentionnent et l'article qu'ils ont publié nous intéresse, nous allons d'ailleurs y consacrer un billet.

    Tout d'abord pour répondre à ta question Geneviève sur la pertinence d'établir des prévisions à légèrement à la hausse. Cela peut être une bonne idée mais que dans certaines conditions difficilement réalisables. En effet, comme nous le mentionnons dans notre blog, les prévisions sont très difficiles à réaliser, elle repose la plupart du temps de l'extrapolation du passé pour prédire l'avenir. Or le futur n'est pas le passé, ou pas toujours. De plus nous voyons que l'environnement des entreprises est en perpétuel changement, ce qui impose d'actualiser continuellement les prévisions, mais les actualisée sur la base de quelles données? Plusieurs solutions existent, tel que le benchmarking. Mais seront-elles vraiment efficaces? Les personnes ou l'entité devant réaliser ses objectifs, donneront ils le meilleur d'eux même si finalement ils arrivent à les atteindre? Prendront-ils le risque de réaliser une performance qui entrainera une augmentation continue des objectifs, et donc un niveau de stress supplémentaire?
    Ces interrogations sont à interpréter individuellement, chacun devant se faire sa propre opinion.

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  5. EXAMEN BLOC 1: Julien Demers

    Je suis d'accord avec ce qui a été dit dans ce billet. Il est vrai que le budget amène très souvent des comportements dysfonctionnels. Entre autres, une collègue de classe travaillant au Contrôleur des Finances du Québec me disait que souvent, à l'approche de la fin de l'année financière, les cadres avaient la tendance à dépenser dans toutes sortes de choses plus ou moins utiles afin de s'assurer de recevoir la même enveloppe budgétaire pour la prochaine année. Le budget ne devrait donc pas entraîner un tel comportement. Comment prévenir cela?

    En fait, vous avez déjà traité d'une partie du problème en évoquant le conflit d'intérêts où le créateur du budget doit aussi le respecter. Je me questionne donc.

    Premièrement, si le budget était à base zéro, c'est-à-dire qu'il était recommencé à neuf à chaque année, les gestionnaires auraient-ils plus de facilité à établir des objectifs à la fois réalistes, atteignables et motivants? Évidemment, il faudrait que la base de référence pour établir le budget soit différente des années passées; à quoi bon faire un budget à base zéro si on se fit aux données de l'année passée?

    Deuxièmement, serait-il possible de réduire le conflit d'intérêts en réalisant le budget en équipe, une équipe qui inclurait différents membres de l'organisation comme le journalier, le contremaître et le dirigeant?

    En fait, j'ai l'impression que la plupart des critiques contre les budgets sont existantes en grande partie parce que les principes de base, les lignes directrices du budget ne sont pas respectés.

    Il existe peut-être aussi un problème de conciliation des attentes des parties prenantes: le journalier ne voudra probablement qu'être motivé à effecteur sa tâche alors que le cadre supérieur se concentrera sur les dollars que le budget peut lui rapporter en fin d'année financière. Ici, on touche à l'évaluation du rendement, ce qui a déjà été traité ailleurs dans le blogue si ma mémoire est bonne. Néanmoins, c'est une idée probablement folle, mais si les organisations étendaient à tous ses travailleurs les mêmes mesures de rendement par rapport au budget, peut-être y auraient-ils moins de comportements dysfonctionnels.

    Par exemple, si un journalier a la possibilité de faire un bonus en respectant un tel objectif de production, alors les attentes des dirigeants et des travailleurs seraient convergentes et le succès du budget s'en ressentirait sûrement.

    Un autre point, peut-être plus au niveau de la comptabilité financière, il faudrait s'attarder à la manipulation des budgets à travers les règles comptables. Certains gestionnaires pourraient être tentés de modifier les résultats de l'année grâce à certaines conventions comptables afin de respecter les budgets. Les vérificateurs n'étant pas parfaits, il est possible que ce type de comportement soit difficile à déceler. Existe-t-il une façon de prévenir ce genre de comportement?

    Qu'en pensez-vous?

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  6. Afin de conclure la boucle de commentaires ici, j'aimerais seulement mentionner que les gestionnaires doivent s'attarder à minimiser les biais reliés au budget. Même si on fait des prévisions à la hausse, certains employés trouveront le moyen de les atteindre quand même quel que soit leur moyens. Alors selon moi, il est bien important de contrôler le plus possible l'aspect humain dans les prédictions, car quel que soit la méthode pour établir les prévisions budgétaires, il y aura toujours un petit fûté pour venir biaiser notre méthode.

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  7. Bloc 1 : Sébastien Gagné ( ci-haut )

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